Un petit tour chez les pompiers du ciel : visite de la base d’avions de la sécurité civile à Marignane

A l’approche des grosses chaleurs estivales, nous avons souhaité vous faire découvrir ces hommes et femmes qui, chaque année se consacrent à éteindre les feux de forêt, parfois au péril de leur vie. L’idée est bien évidemment de vous ouvrir les portes de la base d’avions de la sécurité civile mais aussi de vous sensibiliser aux risques d’incendie …
Pour pouvoir vous présenter tout cela, nous avons eu la chance de pénétrer sur la base de Marignane. Nous sommes tout de même gâtés : entre la Patrouille de France, sur la base de Salon de Provence et celle de la sécurité civile à Marseille, nous pouvons vous donner un aperçu de ce qu’il se passe dans ce beau ciel de Provence !

La base de Marignane
La base des avions de la sécurité civile se trouve à Marignane, sur l’aéroport Marseille Provence. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est très dur d’y entrer. Pour commencer, nous devons nous présenter auprès des services de la Gendarmerie et nous conformer aux exigences de sureté que recommande un aéroport. Puis nous entrons à l’intérieur de l’aéroport : à savoir que cela nous donne une drôle d’impression lorsque nous passons au pied des avions de ligne et les petits cars à bagage en voiture : imaginez la tête des enfants !

Nous arrivons alors dans le « quartier » de la sécurité civile : pour nos petites têtes blondes, c’est le bonheur ! Devant les bâtiments sont alignés dans un ordre impeccable des lignes d’avions au nom évocateur :
Les Canadair, appelés aussi « pélicans », bien connus avec leurs deux couleurs Jaune et Rouge, les deux énormes hélices de chaque coté des ailes et surtout ce drôle de fuselage arrondi qui permet aux pilotes de glisser sur l’eau pour remplir leurs réservoirs. Ne nous trompons pas : sous un aspect un peu vieillot de par leur forme, ces machines sont extrêmement puissantes et maniables. Dans le cockpit, c’est Star Wars ! Cela tranche avec l’extérieur, on se croirait dans un Airbus A320 ; Tout est ultra moderne. Les Canadair peuvent remplir plus de 6 tonnes d’eau dans leurs deux réservoirs, en l’espace de 12 secondes. Ce qui est très surprenant c’est que l’on retrouve sur un Canadair les caractéristiques de l’avion … et du bateau ! Le canadair a donc des ailes, des hélices, une coque de bateau, une quille, une ancre, des bouts, une gaffe, un canot de sauvetage, … C’est un avion dit « amphibie ».

Pour information au risque de vous « casser un mythe », la légende qui veut qu’un nageur aurait été ramassé par un Canadair en train d’écoper de l’eau, reste bien une légende ! La taille de l’écope est à peine plus grande que votre main. Donc force est de constater qu’il est difficile de croire que ce fameux nageur se serait retrouvé à califourchon sur la branche d’un pin, après que le Canadair ait largué sa charge d’eau…  Alors soyez tranquille cet été si vous voyez un Canadair se rapprocher de l’eau pour écoper, vous ne serez pas ramassé mais écartez vous car vous risquez de vous blesser. Il faut savoir qu’ils écopent l’eau à une vitesse de 120km/h !

Les DASH 8, qui sont beaucoup plus longs et permettent, après avoir rempli leurs réservoirs de 10 000 litres sur la base, de lâcher des tonnes de produits retardant (produit à haut pouvoir extincteur de couleur rouge). Ces avions ont la particularité de pouvoir aussi effectuer des missions de transports de marchandise ou de personnels de la Sécurité Civile sur des opérations à l’étranger. Pour cela, on leur démonte leur réservoir. Le changement de version de l’avion prend une douzaine d’heures et se fait souvent l’hiver, hors saison à risque de feu…
On peut charger du retardant dans les 3 types d’avions bombardier d’eau (Canadair, Tracker et Dash), toutefois c’est plus courant sur les terrestres puisqu’ils doivent se ravitailler au sol (Pélicandrome) alors que les amphibies vont chercher l’eau le plus souvent sur les lacs et en mer. Mais les Canadair ont également des bouches de remplissage qui leur permettent de faire le plein (retardant ou eau) au sol.
Les pélicandromes sont répartis sur des terrains au plus près des zones à risque pour ravitailler principalement les terrestres et généralement avec du retardant.

Les Trackers : ils interviennent principalement sur les feux naissants. Il est intéressant de souligner qu’en France, nous avons une tactique particulière qui donne une grande force à la sécurité civile : la priorité est donnée aux feux naissants. Pour éviter que les feux naissants deviennent des feux énormes, les trackers font un guet aérien et vont éteindre les feux naissants. De plus, les feux naissants demandent moins de moyens pour les éteindre que les feux établis.

Et enfin, on fait appel aux petits bimoteurs de type Beechcraft, qui assurent les missions de liaison, coordination et investigation. C’est dans cet avion qu’un pilote va monter pour coordonner l’ensemble des moyens aériens affectés à la mission ou un pompier pour faire le tour des feux et définir les priorités.
Tous les avions sont rassemblés à Marignane. Ils sont susceptibles d’intervenir sur tout le territoire de France et même en Europe. Pendant la saison estivale, on active des détachements permanents au plus près des risques d’incendie : Canadair à Ajaccio et Bordeaux, Trackers à Bastia et Carcassonne.
Tous ces avions sont contrôlés par des techniciens au sol. Ces techniciens font très attention aux avions pour que le pilote puisse avoir la meilleure machine possible (comme en Formule 1).
La présentation des avions est faite, les enfants ont bien posé toutes leurs questions, bien regardé tous les détails, nous avons pris de nombreuses photos et nous entrons alors dans le bâtiment de la sécurité civile.

La vie de la base
A l’entrée, un tableau nous rappelle avec sobriété la liste de ceux qui ont perdu leur vie en opération et la dangerosité de ce métier.
Nous pénétrons alors dans un long couloir où figurent les photos des équipages, des hommes et deux femmes. A côté de ces photos, le mur est recouvert d’une carte gigantesque qui au moyen d’une règle qui a beaucoup plu aux enfants, permet aux équipages de connaître les temps de vol nécessaires pour une intervention au départ de Marignane vers tout autre point de la carte.
La vie de la base, c’est comme une entreprise, chacun à un rôle précis et déterminant, mais les pilotes du feu sont avant tout des professionnels de l’aéronautique qui partagent l’espace aérien avec tous les autres usagers du ciel. Tous les bombardiers d’eau prennent les mêmes pistes que les Airbus et les Boeing qui nous transportent. Pour eux pas de priorité au décollage, seulement le bon sens des contrôleurs aériens qui essaient de leur faciliter leur départ, de manière à ce qu’ils soient le plus rapidement possible sur le feu.
Le futur en 2013, c’est peut être pour la sécurité civile de rejoindre le tarmac de Salon de Provence aux cotés de l’école de l’air et de la patrouille de France sur la célèbre base …

Les pilotes
Les équipages sont constitués de pilotes qui sont tous animés de la même passion pour leur mission. Nous retrouvons des hommes et des femmes qui viennent de l’armée, pilotes de chasse sur Mirage ou Rafale, pilotes de transport, ceux qui viennent de la patrouille de France et ceux qui viennent du civil. Un point commun pour tous, de très nombreuses heures de vol à haut risque à leur actif.
En saison de feu, le pilote est en astreinte selon plusieurs niveaux. Soit il est en attente sur la base en équipage constitué, soit il peut être en dehors de celle-ci, mais en cas de rappel, il ne dispose que d’une heure entre le déclenchement de l’alerte et le décollage de l’avion (30 minutes s’il est d’astreinte sur la base, 3h s’il est d’astreinte à 3h).
Même l’hiver, il y a toujours des avions d’alerte en fonction des risques. Ces risques sont estimés tous les jours, à partir de données météo : sécheresse, vent, température. Une carte des risques est alors réalisée avec un code de couleurs. Elle va permettre d’établir un niveau d’alerte des avions pour le lendemain (avec le nombre et le type d’avions nécessaires, ainsi que le niveau d’alerte demandée : alerte sur base, à 1h, à 3 h).

Le pilote doit aussi veiller au bon fonctionnement de son matériel et doit pour cela effectuer de nombreux contrôles sur son appareil, il est en contact permanent avec les mécaniciens au sol.
Voyez un peu l’organisation qui est en place, d’en bas cela parait tellement simple pour nous !
Pour finir notre reportage, voici quelques recommandations des pompiers du ciel pour cette période d’été :

  1. DU BON SENS !
  2. Ne jetez pas de mégots par les fenêtres des voitures ou en vous promenant,
  3. Ne faîtes pas de feu, de grillades, de débroussaillages sans vous être renseignés sur les autorisations, les risques et les dispositions à prendre.

Sachez que les préfectures des Bouches du Rhône et du Var ont mis en place un système de limitation d’accès aux massifs forestiers du 1er juin au 30 septembre pour l’un du 21 juin au 30 septembre pour l’autre. Selon l’état de sècheresse du massif et de la météo, l’accès est interdit, limité à certaines heures, ou possible. Pour connaître les conditions d’accès, il vous faut faire le 08.11.20.13.13 dans les Bouches du Rhône ou le 04.98.10.55.41. dans le Var.
Nous tenons à remercier Jean-Romain BERGES, pilote de Canadair, qui, accompagné de son fils Noé, nous a ouvert les portes de son univers un dimanche du mois de mai. Et un grand coup de chapeau à l’ensemble des personnes qui contribuent à veiller à notre sécurité à tous !

À propos de admin

Maman de 3 enfants Sophie reprend le flambeau de Juliette pour vous confier ses bons plans vacances en famille et escapades avec des enfants.